Dans la conduite de changement, derrière ce titre se cache possiblement un gain de productivité ou de bien être important
Les scientifiques des sciences humaines nous ont montré dès la fin du XIX° siècle avec Edward Thorndike que les animaux sont capables d’adopter très rapidement des habitudes. C’est ainsi qu’est né le behaviorisme. Mais en quoi consistent exactement les habitudes ? C’est un moyen pour notre cerveau d’économiser sa partie consciente qui est mono tâche pour davantage mobiliser sa partie inconsciente et automatique, moins gourmande en énergie. Savez-vous que notre cerveau qui pèse autour de 1,2 à 1,5 kg, consomme à lui seul 20% de notre énergie ?
Concrètement, une habitude est un circuit neuronal qui s’installe dès lors qu’une expérience est répétée, apprise, qu’elle soit positive ou négative : face à une situation nouvelle, nous mobilisons notre cerveau conscient pour chercher une solution, par essai erreur la plupart du temps, jusqu’à obtenir une solution convenable qui conduit à une récompense, à commencer par s’être dépêtré de la problématique.
Si nous nous retrouvons de nouveau confronté à la même situation ou à une situation voisine, nous mobilisons de nouveau notre cerveau conscient, allons chercher dans notre banque mémorielle si une solution est déjà connue et nous l’appliquons. Dans ce cas, l’issue a été plus rapidement trouvée car déjà connue et reconnue par comparaison. Pour autant, il a encore fallu mobiliser l’énergie de notre cerveau conscient.
Après plusieurs expériences de ce type, le circuit neuronal s’ancre dans notre cerveau et cela devient un réflexe : à chaque fois que nous sommes confrontés à une situation analogue, nous enclenchons mécaniquement la réponse…Et la croyance n’est alors plus très loin !
Dans ses expériences, B.F.Skinner, le père du conditionnement opérant, montre que les oiseaux, parce qu’il y a eu une corrélation illusoire entre une lumière allumée, une graine de nourriture tombée et un battement d’aile au même instant, croient que le battement d’aile est ce qui a fait tomber la graine. Ainsi, ces oiseaux battront des ailes pour renouveler l’expérience. Qui s’avèrera vrai à un moment ou à un autre.
Et il en est ainsi aussi des humains qui vont croire au vendredi 13, au chat noir, en leur bonne étoile – ce qui peut leur faire prendre des risques mal évalués – qui vont croire en leur méthode de résolution des problèmes sans être en mesure de la questionner. C’est pourquoi bien souvent, celui qui a créé le problème n’est pas en mesure de le régler, car il croit en ce qu’il a fait, car il l’a fait déjà souvent auparavant avec succès.
Dans la conduite du changement, il faut identifier avec le client ces zones de croyances, pour les questionner avec lui, vérifier leur pertinence actuelle et peut-être revoir les schémas neuronaux en se donnant un nouveau process pour atteindre de nouveaux objectifs. Et peut-être même revoir son identité. Le tout en recréant des habitudes, adaptée à la nouvelle situation !
La conduite du changement tient de tout cela : identifier à quel niveau se situe la problématique, identifier si cela relève de l’excellence opérationnelle pure, c’est à dire de la démarche processus, ou bien si la problématique se situe au niveau des hommes et des femmes qui, à l’instar des oiseaux de B.F. Skinner, croient savoir.